LUTIN JARDIN Le Lez

Après l’animation et le cinéma.J’ai décidé en 2003 de changer de métier, et de m'installer paysan.

Après une formation agricole en 2004/2005, je construis mon projet, je galère comme tout le monde pour trouver des terres... et je fini par trouver un fermage, c'est à dire une location, avec un bail de 9 ans...qui va me permettre de démarrer.

et nous voilà en juillet 2007, ou je deviens agriculteur, sur 1,5 ha de terres en bordure du lez, a cheval entre les communes de Montferrier sur lez et st Clement de rivière, entre Montpellier et le pic st loup.

Je commence à planter mes premiers légumes, je les récolte, et je me prépare à les vendre sur le marché... mais là...premier problème, pas de place ! Pas de place non plus sur les autres communes qui m'entourent. Comment vais-je pouvoir faire mon chiffre d'affaire si je ne peux pas vendre comme je l'ai prévu.

Et d'une façon plus générale, comment faire pour développer mon entreprise en petite agriculture, nourricière et agro-écologique ?
Comment combiner performance économique, environnementale, et sociale ?

Je cherche des données, mais n'en trouve que peu...nous sommes je vous le rappelle, il y a dix ans de ça !

Alors, j'enquête, je me renseigne, je réfléchi...et je décide de demander à mes premiers clients. Je les invite un après-midi et leur pose mes questions.
Et je me rends vite compte à leurs réponses que je me trouve dans une situation paradoxale :
La petite agriculture "nourricière" que je propose est apparemment utile et très demandée... mais peu reconnue, peu aidée et peu accompagnée,
C’est un modèle à inventer.

Je mobilise donc mes clients pour construire avec moi un modèle original de commercialisation. Par des questions/réponses, Ensemble, nous inventons "chemin faisant" un panier paysan et citoyen.

Aujourd'hui, Je concerte toujours, et j’implique mes consommateurs par des réunions annuelles où l'on décide ensemble des évolutions du panier.
Je leur explique mes réussites et mes difficultés par des journées conviviales de travail collectif ou de découverte. Une fois la confiance installée, ils changent progressivement de posture : de clients ils deviennent partenaires.

Et le lien que nous tissons est très important. Tous mes clients se situe dans un rayon de 20 km autour de la ferme, et 60 % d'entre eux sont avec moi depuis plus de 5 ans. Je suis leur fermier de famille.

C'est à dire qu’ils me font confiance pour m'occuper d'une partie de leur alimentation. Et moi je m'applique à conserver et cultiver cette confiance.

Et portés par cette relation, Nous avons dû développer Lutin Jardin très progressivement, en expérimentant. Du fait du manque de données adaptées à notre agriculture. Nous avons construit notre propre modèle

Aujourd'hui, 130 familles s'approvisionnent sur place. Plus les étudiantes sagefemme dont la corpo nous a contacté pour des paniers.
Plus le marché de Montferrier sur lez le samedi matin, plus la vente à la ferme, 2 fois par semaine.
Et plusieurs restaurants gastro, comme l'auberge du cèdre à Lauret ou le pic st loup aux Matelles.

Je valorise ainsi toute ma production,

Par mes pratiques de culture, (, engrais verts, lombricompost, purins végétaux) je protège ma santé et mon environnement de travail et améliore de façon conséquente la qualité des sols pour les générations futures.
En 7 ans j'ai encadré 80 stagiaires (du collège à l'école d'ingénieur) auxquels j'ai transmis mon savoir et mes données.
En 2014, j'ai accueilli plus de 1000 élèves (du primaire au lycée), les d'enfants en difficultés de l'ITEP le « Languedoc » tous les jeudis matin ; les jeunes de la PJJ, les enfants des foyers départementaux et du Secours Populaire.

A travers mes animations et mes accueils tous publics a la ferme, j'ai pu sensibiliser et informer plus de 800 personnes par an aux enjeux de la durabilité paysanne.

Nous avons pu peu à peu augmenter nos surfaces de production et cultivons aujourd'hui 5 ha.
Sur ces 5 ha, travaillent, mon épouse et moi, 3 salaries à temps plein, et 2 saisonniers occasionnels. Soit en tout 6 UTH...ou encore 1,5 emploi à l'hectare.

Depuis 10 ans, je modélise un nouveau métier agricole, qui peut être une réponse aux enjeux économiques et alimentaires actuels : création et maintien d'emplois, autoproduction de nourriture garante de résilience alimentaire, et protection environnementale.
Pour définir et faire reconnaître cette nouvelle identité professionnelle, je m’investis dans plusieurs réseaux : formation agricole, recherche et développement, éducation populaire, …

J'utilise ma ferme comme un espace expérimental pour affiner la pérennité économique de mon activité et proposer des solutions concrètes transférables aux autres agriculteurs.

Tout cela me demande une énergie importante. Et il me reste des progrès à faire :
Comment renforcer mes capacités de production ? comment Améliorer le confort au travail ? comment Structurer une filière territoriale de « petite agriculture en circuits courts" ?

Ces interrogations m'amènent à échanger avec des paysans d'autres régions, et pays qui sont dans la même posture : (Cuba) (Québec), etc.

Mon souci constant est d'informer et d'alerter les candidats à l'installation de mes découvertes et déboires pour qu'ils puissent gagner du temps et à leur tour contribuer à cette dynamique collective.
Grâce aux échanges avec enseignants et chercheurs, j'ai mis en place des habitudes de collecte de données qui me permettent de Capitaliser, de suivre, et de réaliser une gestion analytique qui constitue pour moi une stratégie indispensable pour être en mesure de transmettre mes résultats.

En 2016, Lutin jardin devient la SCEA Lutin Jardin, grâce au soutien du groupe E4. Ce nouvel élan va nous permettre de rechercher la surface de production pertinente pour mener notre petite entreprise sur le chemin sinueux de la viabilité économique, tout en garantissant notre accès à la recherche et au développement.

Suivez nous et accompagnez nous dans cette nouvelle aventure….

Merci pour vos nombreux soutiens.
Yezid, Elodie, et toute l’équipe de Lutin Jardin.